Institut d'Ethique Contemporaine

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    L'autonomie, de la notion au concept, et l'éthique d'autonomie face aux morales contemporaines

    lhg
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    Messages : 6
    Date d'inscription : 26/10/2011
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    L'autonomie, de la notion au concept, et l'éthique d'autonomie face aux morales contemporaines Empty L'autonomie, de la notion au concept, et l'éthique d'autonomie face aux morales contemporaines

    Message  lhg Dim 30 Oct - 19:39

    Bonjour à tous. Smile

    Je mets ici un très bref résumé de la première partie du premier article que j'ai écrit pour l'Institut, la seconde partie étant plus spécifiquement consacrée à l'évolution des moeurs et à la morale néolibérale. Ici j'exposerai très succintement, sans développer les arguments (ce que je pourrai faire dans le cadre de la discussion qui pourra suivre), les fondements de l'éthique d'autonomie, c'est à dire la base de mes recherches philosophiques sur l'autonomie et l'éthique d'autonomie. Je vise à en tirer les principes d'une éthique contemporaine, mais aussi à expliciter les raisons pour lesquelles l'individu devrait accepter l'éthique, se soucier du bien d'autrui. Car une éthique sans raisons d'y adhérer n'est qu'une coquille vide, un ramassis de principes privés d'effectivité. C'est ce qui manque à Kant d'ailleurs, qui me fournit mon point de départ mais peine à fournir une raison de respecter sa morale : chez lui, le respect demeure "une énigme". Il me semble que les critiques contemporaines de son concept d'autonomie permettent de çorriger cette déficience en montrant que l'autonomie n'est pas innée et absolue, mais conditionnée notamment à l'autonomie d'autrui, mais aussi - et cela sera déterminant pour le politique et sa relation à l'économie - à des conditions de possibilité non seulement juridiques (un staut légal d'individu iou de personne autonome, propriétaire en droit d'elle-même, qui la protège de la domination d'autrui) mais encore culturelles, sociales, matérielles (économiques) : que l'individu ne soit dominé ni par autrui, nio par lui-même ni par ses déterminismes, auquel toutefois il ne saurait radicalement échapper.


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    Depuis la Renaissance, humanistes et libéraux mettent en avant la notion d'autonomie comme norme de l'éthique et fondement du droit. L'époque contemporaine a vu s'élever des critiques de plus en plus nombreuses et virulentes de cette notion. Faut-il pour autant l'abandonner, ou doit-on tenir compte de ces critiques pour mieux comprendre et réaliser l'autonomie individuelle et collective ?

    L'Homme est par nature une volonté libre. Il est pour autant soumis à des déterminismes naturels, sociaux, psychologiques. C'est, sut reconnaitre Kant, qu'il est capable d'auto-nomie : de s'orienter lui-même parmi ses possibles déterminés. La réflexivité permet en effet au sujet de produire ses propres normes à travers lesquelles se rendant responsable de lui-même il peut réviser ses croyances et ses choix, assumer et maîtriser ses déterminismes.

    0r cette faculté n'est pas sans requérir certaines conditions formelles (juridiques) et matérielles (économiques, sociologiques, psychologiques). Elle dépend de facteurs environnementaux à partir desquels le sujet non-dominé par autrui pourra se saisir de ses déterminations et agir de lui-même. Nous verrons notamment que mon autonomie n'est possible que pour autant que l'autre me laisse faire mes propres choix et agir en conséquence - que je ne suis pas sous la domination de l'autre - mais encore que je dispose d'une liberté suffisante, de suffisamment de possibilités d'action pour me laisser un tel choix - que je ne sois pas dominé par mes déterminismes - et que j'effectue un acte d'appropriation de soi par lequel je me rende capable d'auto-compréhension, que je m'approprie mes déterminités en me rendant, comme le voulait Marc-Aurèle, capable de "changer ce que je peux changer, accepter ce que je ne peux changer, et qu'il me soit octroyé la sagesse de distinguer entre les deux". Précisément, cette faculté critique, de critique appropriante de moi-même, de déconstruction de son identité qui me permette de prendre part à sa construction, doit passer par cette même altérité qui me constitue originairement en mon identité : comme je me construit par l'autre, c'est à travers la relation à l'autre en tant qu'il est lui-même autonome que je peux m'approprier. C'est à dire par la discussion avec l'autre en tant que je le reconnais comme autonome ou propriétaire de lui-même en droit et qu'en même temps je me rends attentif aux défaillances de cette autonomie, à ses faiblesses, et soutiens activement sa construction. C'est dire que l'autonomie individuelle se construit collectivement, par le rapport à l'autre en tant qu'il me permet de me critiquer moi-même, m'apportant comme le disait Deleuze cette pensée du dehors nécessaire pour remettre en question ce que je ne peux critiquer de l'intérieur, sans prendre du recul. L'autre me fournit un tel recul sur mes engagements et me permet, non de devenir comme le veut le libéral un sujet radicalement désengagé, mais d'acquérir une relative maîtrise de mes engagements, un certain recul sur mes dépendances.


    Kant et Locke font de l'autonomie la norme de l'éthique et le fondement du droit, à raison car ce n'est qu'en tant que l'autre me respecte que je peux être autonome, et réciproquement l'autonomie permet la maîtrise de soi et donc la modération qui fonde la conduite éthique et la responsabilité juridique – être autonome, c'est se rendre propriétaire de soi-même, et donc responsable de ses actes devant soi-même et devant autrui ; l'autonomie comme telle est la norme du respect.

    Si en effet je me rends responsable de ma liberté, reconnaissant en l'autre la condition de la propre autonomie, je me trouve engagé au respect de son autonomie propre.

    Mais si l'autonomie est toujours à produire, à construire, toujours précaire et à protéger, alors ce devoir de respect comme non-domination devient un impératif positif que se prescrit l'agent se voulant autonome : devoir de sauvegarder l'autonomie de l'autre en tant qu'elle concourt à la mienne.

    Si l'autonomie est précaire comme l'ont vu les socialistes, et si elle constitue comme le pense le libéral la norme de l'éthique et le fondement du droit et du politique, si l'autonomie de tous est nécessaire à l'autonomie de chacun, le devoir de respect n'en devient-il pas alors un impératif hypothétique et néanmoins universel de solidarité ? La collectivité aura alors à soutenir l'autonomie des plus fragiles.

    C'est ce que doit assumer le libéral face aux critiques contemporaines de sa notion d'autonomie. C'est ce que doit assumer l'Homme s'il veut que le terme « libre-arbitre » ait encore pour lui un sens après l'entreprise gigantesque de déconstruction du sujet amorcée tant par la phénoménologie que par la psychanalyse ou encore le structuralisme et la philosophie postmoderne.


    Il s'agira de mettre l'accent sur la prévention des fragilités pouvant donner lieu à des comportements hostiles plutôt que sur la répression de tels comportements qui ne sont que les symptômes d'un malaise social. Il s'agira d'inscrire comme nos priorités l'accompagnement social, l'éducation, l'accès libre à la culture, à l'information, à l'expression.

    Il s'agira de transiter d'une justice punitive, qui ne s'attaquant qu'aux symptômes ne résout rien, à une justice préventive et réparatrice qui cherche à promouvoir la discussion entre les parties et vise la réparation du préjudice. Laquelle justice civile doit s'adosser à une justice sociale seule à même de prévenir les comportements délinquants et criminels.

    Il s'agira d'assumer la propriété que le peuple détient sur la chose publique par la pratique de la démocratie participative sinon directe, et la collectivisation de ce qui de droit appartient à tous : les ressources naturelles, la souveraineté juridique, politique et monétaire, sans remettre en question les libertés individuelles et la propriété que chacun détient en droit sur lui-même, son existence et donc les fruits de son activité, mais non sur les ressources naturelles, bien collectifs à l'image de la souveraineté politique et monétaire.

    Il s'agira encore de dépasser l'antagonisme apparent entre individu et collectivité, dans l'interindividualisme assumant l'individu comme fondement de l'éthique et du droit et lui-même fondé socialement. Penser l'individu comme inscrit dans des appartenances communautaires qu'il s'agit de lui permettre de maîtriser au mieux de ses capacités naturelles.

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