La REVOLUTION TUNISIENNE

La révolution tunisienne fer de lance des révolutions arabes a suscité d'immenses espoirs. Mais à l'heure des résultats de l'élection de l'assemblée constituante, c'est l'inquiétude et la déception qui dominent en France. Les islamistes d'Ennahda confirment leur avance, comment ce mouvement né d'une révolte spontanée face à la dictature laisse la place à un parti majoritaire qui est aux mains des religieux ? Le prochain gouvernement tunisien va t il légiférer sur des références religieuses ou laïques? comment le droit des femmes sera reconnu ?

Un peuple qui a subi la dictature pendant 40 ans et manque d'éducation politique, la peur de l'inconnu de la part de ceux, nombreux, qui n'ont pas participé à ce mouvement... En outre, Ennadha et les forces islamistes sont parmi les plus organisées et n'ont pas hésité à faire voter pour eux des populations illettrées dans les campagnes, en invoquant des arguments religieux ("ne pas soutenir le parti c'est pécher..."). De plus Ben Ali comme Kadhafi était aussi, il faut bien le reconnaitre, un rempart contre l'Islamisme (mais à quel prix ?) mais ces mouvements se sont organisés pour lui résister et étaient plus prêts que les autres pour ces élections. En outre ils ont su entretenir et miser sur un sentiment de regret du religieux mêlé aux souffrances causées par le tyran.

En France, après la Révolution, nous avions eu la Terreur, le Consulat... puis la Restauration. Souvenons-nous des ces prêtres qui convainquaient leurs ouailles de maudire les révolutionnaires lors de leurs sermons dans les années 1790...Il y a toujours une phase de réaction après une révolution et ses débordements, avec la peur qu'elle engendre. Et la religion, en particulier là où le manque de culture est fort comme en milieu rural est un puissant moteur de cette réaction, une puissante force de propagande réactionnaire, "l'opium du peuple" disait le vieux Karl.. En Libye aussi, l'on parle maintenant d'appliquer la Charia... La construction de la démocratie sera longue et semée d'embûches... Pour autant ne nous laissons pas séduire par les sirènes qui nous chantent la haîne de ces mouvements révolutionnaires. Si le chemin est long, sinueux et difficile, si parfois l'on trébuche et si l'inquiétude est certes de mise pour les peuples de Tunisie, de Libye... les premiers pas ont été faits, et je pense que nous pouvons faire confiance au temps.

Et pendant ce temps, en Syrie ou à Bahrein...

Edit : une tunisienne relativise : http: leplus.nouvelobs.com/contribution/209076;elections-en-tunisie-je-comprends-mieux-ceux-qui-ont-vote-ennahda.html

(je n'ai pas pu mettre le lien direct : les nouveaux membres ne sont pas autorisés à en poster)